jeudi 20 février 2014

Aïda de Giuseppe Verdi



La marche triomphale

Avec sa fascination pour l’Égypte, l’Europe du XIXe siècle semble s’être embarquée sur quelque bateau ivre, s’émerveillant des couleurs du Nil et du ciel, redécouvrant ces monuments qui sont moins des palais et des villes que des sanctuaires énigmatiques de la folie et du génie humains.
De cette égyptomanie, Aida est l’un des plus célèbres témoignages et cependant l’un des plus contradictoires : faite à l’initiative d’Ismaïl Pacha, la proposition d’une création pour le nouveau Théâtre du Caire, et à l’occasion de l’inauguration du Canal de Suez, fut d’abord refusée par Verdi puis acceptée avec condescendance. Rien dans l’univers de Verdi ne le prédisposait en effet à l’exotisme et Aida ne devait être en rien une concession. Cet opéra qui doit célébrer, comme on le fait en des occasions si solennelles, la concorde universelle, l’harmonie entre les peuples, est tout entier un opéra de guerre : celle qui oppose l’Égypte à l’Éthiopie n’est presque rien face à celle qui oppose les personnages entre eux. Et leurs sanglants affrontements doivent à leur tour s’incliner devant les combats intérieurs que se livre chacun des personnages. Œuvre à la fois flamboyante et hiératique, spectaculaire et intérieure, l’un des plus beaux chefs-d’œuvre de Verdi revient enfin à l’Opéra de Paris après plus d’un demi-siècle d’absence.



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